🐱 Nous Autres Civilisations Nous Savons Maintenant Que Nous Sommes Mortelles

Vousautres, civilisations, savez maintenant que vous ĂȘtes mortelles - De la contre-utopie de Eric Essono Tsimi - Collection Études de littĂ©rature des XXe - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ 
Agonie ou renaissance de la civilisation europĂ©enne » L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire . un petit cap du continent asiatique Paul valĂ©ry, variĂ©tĂ© 1 -1924 Nous autres, civllisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase, oh combien cĂ©lĂšbre, dĂ©bute le texte VariĂ©tĂ© l », dans lequel, quelques pages plus loin, ValĂ©ry se demande s org mondiale dans tous I do Sni* to gĂ©ographie lui assign La barbarie de la pre fauchĂ© des millions d a prééminence a la place que la inent asiatique ». pas seulement pris ceux qui par leur talent participaient au prestige universel de l’Europe, mais a remis fondamentalement en cause les valeurs humanistes qui Ă©clairaient jusqu’alors tous ceux qui dans le monde souhaitaient, par la raison et le respect de l’individu, s’engager dans l’aventure du progrĂšs humain. Pour ValĂ©ry, il ne faut ni dĂ©sespĂ©rer, ni espĂ©rer, mais comprendre. Cette interrogation se veut bien davantage un rĂ©veil de l’esprit europĂ©en qu’une prĂ©vision pessimiste. Comprendre ce qui a fait que ce continent exigu a Ă©nĂ©rĂ© une civilisation servant de rĂ©fĂ©rence universelle et ce qui peut faire craindre qu’elle ne finisse plus par n’ĂȘtre qu’un petit territoire regroupant une population ne se distinguant du reste du monde que par sa faiblesse numĂ©rique. La mĂȘme question est posĂ©e aujourd’hui, et, ironie d de l’Histoire, au moment oĂč tous les regards, inquiets ou fascinĂ©s, se tournent vers l’Asie. Nous nous la poserons donc de la mĂȘme façon, d’abord en tentant de comprendre ce qui a donnĂ© ce lustre universel Ă  la civilisation europĂ©enne et ensuite ce qui peut faire raindre sinon sa dĂ©cadence du moins sa banalisation. L’Europe, moteur de l’histoire mondiale. Une telle formule pourrait ĂȘtre prise Ă  la fois comme une Ăąnerie -toutes les civilisations ont une histoire propre, entre autres avant que l’Europe ne les influence- et comme la marque d’une arrogance ethnocentrique, occultant que l’Europe s’est largement alimentĂ©e des autres cultures. Cependant, si l’on entend Histoire dans le sens du changement continuel des structures fondamentales d’une civilisation, non seulement l’Europe se singularise nettement des autres, dont l’évolution trĂšs lente ut souvent proche de la stagnation, mais ces civilisations sont entrĂ©es dans le changement au contact de l’Europe et de plus, en l’imitant, s’en inspirant ou la combattant, bref en la prenant comme modĂšle attractif ou rĂ©pulsif. Que les EuropĂ©ens aient pendant longtemps considĂ©rĂ© qu’ils civilisaient les autres peuples Ă©tait bien sĂ»r la manifestation de leur ethnocentrisme et de leur ignorance. Il reste que l’acculturation rĂ©ciproque entre [Europe et le reste du monde s’est traduite par l’europĂ©anisation progressive de la planĂšte. MalgrĂ© l’or ou les patates, l’Europe n’est pas indienne, mais l’AmĂ©rique du sud est latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vita latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vitant la colonisation, des cultures aussi puissantes que celle d’Asie justement, comme le Japon et la Chine, sortirent de leur torpeur traditionnelle pour copier, avec plus ou moins de bonheur le modĂšle europĂ©en. La dĂ©mocratie et le socialisme, la science et les techniques et mĂȘme a culture d’origine europĂ©enne sont ou plaquĂ©es ou intĂ©grĂ©es selon les domaines. Des orchestres symphoniques chinois ou japonais jouent les ƒuvres de Mozart ou de Beethoven, les jeunes Ă©coutent la musique anglaise ou amĂ©ricaine, alors que l’opĂ©ra No est un exotisme qui risque peu de remplir le Zenith et n’est plus qu’un exotisme archaĂŻque pour les Japonais eux- memes. On pourrait bien sĂ»r Ă©numĂ©rer les emprunts de l’Europe – la poudre, la boussole, les techniques d’irrigation, la soie, le thĂ© etc
 -, mais lĂ  est peut-ĂȘtre le cƓUr de la distinction. D’un cĂŽtĂ©, emprunts matĂ©riels, de l’autre diffusion de valeurs et de principes. Ceux-ci permettant d’ailleurs Ă  l’Europe de progresser aussi dans le domaine matĂ©riel et de devenir lĂ  aussi dominante, en particulier Ă  partir de la rĂ©volution industrielle. Cette hĂ©gĂ©monie matĂ©rielle participe dĂ©sormais Ă  la diffusion du modĂšle culturel, et mĂȘme l’accĂ©lĂšre tout au long du XXĂšme siĂšcle, mais en modifiant, voire pervertissant, cette diffusion, nous y reviendrons dans la deuxiĂšme partie. Une Ă©nergie plus qu’une force de frappe. Le constat fait par ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de FEurope, ? quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mo ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de l’Europe, Ă  quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mographique relative, n’est pas nouveau. Il serait donc sans pertinence d’attribuer cette hĂ©gĂ©monie universelle Ă  une expansion physique de l’Europe, sinon en fin de pĂ©riode, oĂč justement son influence spirituelle » s’affaiblit ou est contestĂ©e. On peut mĂȘme avancer que chaque fois qu’il y a eu vellĂ©itĂ© d’expansion physique, il y a eu Ă©chec La GrĂšce prĂšs Alexandre, l’Espagne aprĂšs Philippe Il, le rĂȘve impĂ©rial de NapolĂ©on, pour ne prendre que quelques exemples. Mais ces Ă©checs permettent, en creux, de voir que Pinfluence est d’une autre nature. Ainsi, pour reprendre les exemples, l’impact de la pensĂ©e grecque, du christianisme et des idĂ©es de la RĂ©volution française est IndiffĂ©rent Ă  ces Ă©checs et dĂ©clins. Jailleurs la domination physique, qui n’a rien de singulier Ă  l’Europe, aurait davantage fait hair et rejeter que fasciner et imiter. Ce n’est donc pas la puissance matĂ©rielle, au demeurant bien faible, mais Ă©nergie crĂ©atrice d’idĂ©es neuves qui explique cette hĂ©gĂ©monie europĂ©enne. Mais cette Ă©nergie ne doit Ă©videmment rien Ă  une quelconque spĂ©cificitĂ© gĂ©nĂ©tique des EuropĂ©ens. En outre ce moteur crĂ©atif ne concerne jamais l’Europe dans son ensemble, mais au contraire est le fait d’une infime minoritĂ© dans un territoire trĂšs limitĂ© AthĂšnes du VĂšme siĂšcle avant JC, Rome, les villes italiennes et flamandes de la Renaissance, la France des LumiĂšres et de la RĂ©volution, l’Angleterre de la rĂ©volution capitaliste etc. En fait, ces Ă©tincelles » intelle PAGF Feuilleteznotre Chronique sur la TroisiĂšme RĂ©publique pour tout savoir. « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » These two letters were first published in English in the London weekly AthenĂŠus, nr. 4641, April 11, 1919 and nr. 4644, May 2, 1919. Texte reproduit d'aprĂšs Paul VALÉRY, ƒuvres I, Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par Jean Hytier, Paris, Gallimard 1957, collection "La PlĂ©iade", pp. 988-1014. - Blog Paul ValĂ©ry VARIÉTÉ ESSAIS QUASI POLITIQUES LA CRISE DE L'ESPRIT PREMIÈRE LETTRE Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l'Ă©paisseur de l'histoire, les fantĂŽmes d'immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d'esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n'Ă©taient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abĂźme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu'une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les ouvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Cf. Cicero, I have spared no pains to make myself master of the Greek language and learning Schiller, A glorious humanity Hugo, In a grand parliament of intelligence Emerson, When the Gods come among men - Disclosing in every fact a germ of expansion Ortega y Gassett, The birth of the city Aeschylus, Nobody's slaves Plato, Tyranny and slavery Gennadius Scholarius, Words are the fathers of all Good Pope Benedict XVI, The Papal Science Learned Freeware Enable Desktop Gadgets on Windows 10 or 11 Search ALL Desktop Gadget Font viewers, to browse, test, install and uninstall your fonts Daily Reading Gadget Greek Clock desktop gadget More Amazon Search Gadget Bible Reader Old Standard and Didot Unicode Greek Polytonic Fonts Menologion Inspirational Desktop Gadget More Le20 juillet 2019 Ă  07:51:40 autisteConn58 a Ă©cri - page 3 - Topic La civilisation ne s'effondrera pas du 20-07-2019 07:02:13 sur les forums de jeuxvideo.com RĂ©servĂ© aux abonnĂ©s PubliĂ© le 25/05/2021 Ă  1923, Mis Ă  jour le 26/05/2021 Ă  1248 Boualem Sansal. Clairefond TRIBUNE - On sait que l’Ɠuvre de l’écrivain algĂ©rien, rĂ©putĂ© pour son indĂ©pendance d’esprit, qui vit en AlgĂ©rie envers et contre tout, rencontre un trĂšs vif succĂšs dans plusieurs pays europĂ©ens, en particulier en France et en Allemagne. Selon lui, notre pays souffre de ne plus se reconnaĂźtre. Pour faire face Ă  nos maux, Boualem Sansal nous invite Ă  redĂ©couvrir la pensĂ©e d’Ibn Khaldoun, historien arabe qui a mĂ©ditĂ© sur la naissance et sur la mort des empires. Auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages, Boualem Sansal a notamment publiĂ© Le Serment des barbares» Gallimard, 1999, Le Village de l’Allemand ou Le Journal des frĂšres Schiller» Gallimard, 2008, couronnĂ© par quatre prix, 2084. La Fin du monde» Gallimard, 2015, grand prix du roman de l’AcadĂ©mie française, et Le Train d’Erligen ou La MĂ©tamorphose de Dieu» Gallimard, 2019. Dernier roman paru Abraham ou La CinquiĂšme alliance» Gallimard, coll. Blanche», 2020, 288 p., 21 €.La rĂ©ponse est en grande partie dans la question. Si on se demande ce qu’on va devenir c’est qu’on se sait malade, condamnĂ©, perdu, et de plus, implicitement dit, incapable de nous en sortir par nous-mĂȘme. Il y a aussi, sous-jacent, comme un appel au secours. On espĂšre, on attend, on gĂ©mit pour inspirer la pitiĂ©, sachant bien cependant que nos amis et nos ennemis de par le monde ont leur propre vision des y a toujours beaucoup de rĂ©ponses dans les questions. Il faut juste les trouver. Ce que, en l’occurrence
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Ce nĂ©ologisme entend lier et confondre, en une seule et mĂȘme oppression, racisme, colonialisme, sexisme et dĂ©rĂšglement Sorel La surreprĂ©sentation d'Ă©trangers parmi les auteurs de faits de dĂ©linquance constatĂ©e par Darmanin Ă©tait connue, mais le “politiquement correct” paralysait»ENTRETIEN - GĂ©rald Darmanin a dĂ©clarĂ© dans le JDD qu'il serait idiot de ne pas dire qu'il y a une part importante de la dĂ©linquance qui vient de personnes immigrĂ©es». Pour l'essayiste, il s'agit d'un fait avĂ©rĂ©, et le reconnaĂźtre est nĂ©cessaire, car cette rĂ©alitĂ© a Ă©tĂ© longtemps peu ou prou occultĂ©e. Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  un an de la Grande Article Ă©crit par Ni film catastrophe, ni film de science-fiction, Park n’est que le miroir de notre monde Ă  l’abandon. Civilisations mortelles Si la GrĂšce antique est considĂ©rĂ©e Ă  l’unanimitĂ© comme le creuset de la civilisation occidentale, ainsi que le berceau des jeux olympiques, Sofia Exarchou nous offre ici un portrait sans pitiĂ© de sa dĂ©cadence justement Ă  travers les ruines du stade olympique Ă©difiĂ© pour les Jeux de 2004 dans lesquelles errent des jeunes gens dĂ©soeuvrĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s et des armĂ©es de chiens famĂ©liques. Ce n’est pas seulement une figure de style, une allĂ©gorie pour mettre en scĂšne un dĂ©sespoir cinĂ©matographique, mais une rĂ©alitĂ© car la GrĂšce a bel et bien Ă©tĂ© ruinĂ©e par les manoeuvres machiavĂ©liques de l’Union europĂ©enne comme l’a si bien montrĂ© le film de Costa-Gavras l’annĂ©e derniĂšre, Adults in the Room 2019. Paul ValĂ©ry l’avait prophĂ©tisĂ© dans La Crise de l’esprit en 1919, au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, et l’Histoire l’a rĂ©alisĂ© et perfectionnĂ©. En sortant de ce film, nous ne pouvons que penser Ă  sa phrase qui en fait maintenant tout le sel Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et mortifĂšres pourrions-nous ajouter en 2020 en raison de la pandĂ©mie, de la misĂšre et de notre absence totale d’avenir. Les ruines du capitalisme Mortelles, nous le sommes. Tout le film ne montre que ça, une jeunesse Ă  la dĂ©rive Ă  qui l’on ne propose rien d’autre que les ruines du capital, que des rĂȘves de plage et de fĂȘtes de pacotilles, avec la chair offerte et mollassonne des touristes de tous les pays, comme si la GrĂšce, ce pays issu d’une si belle civilisation, ne devait se contenter que des restes, et du rĂŽle de bronze-cul d’une Europe maintenant quasiment ruinĂ©e. En choisissant ce dĂ©cor de ruines qui n’ont rien Ă  voir bien sĂ»r avec celles, magnifiques et hiĂ©ratiques, du ParthĂ©non, la rĂ©alisatrice nous donne Ă  voir notre dĂ©chĂ©ance, notre crasse, notre incapacitĂ© Ă  crĂ©er du lien social et Ă  prĂ©server le patrimoine. Ce stade, qui n’a Ă  peine qu’un peu plus de dix ans, est laissĂ© Ă  l’abandon prouvant Ă  la fois la cupiditĂ© du capitalisme et l’inanitĂ© de ces Jeux olympiques qui ne sont plus qu’une infĂąme machine Ă  faire du fric et dont le report Ă  cause de coronavirus cette annĂ©e n’est qu’une avanie supplĂ©mentaire dans un ocĂ©an de mensonges et de malversations. Machine folle vers l’Apocalypse Dans ce dĂ©cor qui sert de cadre Ă  des enfants perdus, on pense bien sĂ»r Ă  Gomorra de Matteo Garrone 2008, mais la mafia en moins mĂȘme si on la sent poindre le bout de son nez comme si l’absence d’avenir ne pouvait que confiner au dĂ©sespoir et surtout Ă  la violence. C’est un film magnifique en certains points, complĂštement dĂ©sespĂ©rĂ©, mais qui offre un portrait impressionniste de notre sociĂ©tĂ©, mĂȘme si on en ressent Ă  chaque plan l’inutilitĂ© tant il crĂšve les yeux que le capitalisme est devenu maintenant une machine folle emballĂ©e vers l’apocalypse. Sofia Exarchou nous tend un miroir hĂ©las trĂšs rĂ©aliste de notre tout proche avenir et s’en explique d’ailleurs d’une maniĂšre parfaitement claire et sans ambiguĂŻtĂ© dans le dossier de presse du film A travers les histoires mĂȘlĂ©es des enfants du Village Olympique, Park tente de brosser le portrait d’une gĂ©nĂ©ration perdue qui a Ă©tĂ© dĂ©robĂ©e de son avenir. Entre les complexes sportifs Ă  l’abandon, les ruines et les nouveaux centres touristiques, le film croise le passĂ© glorieux de la GrĂšce avec sa dĂ©cadence rĂ©cente, peignant une sociĂ©tĂ© qui n’était pas prĂ©parĂ©e Ă  la chute brutale qu’elle a connue. Au cƓur de ces vestiges du passĂ©, le besoin d’appartenance des jeunes est vital et leurs efforts de plus en plus violents et futiles. » Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles », se dĂ©solait Paul ValĂ©ry dans La Crise de l’esprit, en 1919, au lendemain du dĂ©sastre de la PremiĂšre Guerre mondiale. Sans lui faire injure, d’autres n’avaient pas attendu si longtemps pour en faire l’amĂšre expĂ©rience. La preuve avec cette soirĂ©e consacrĂ©e Ă  deux civilisations anciennes,
PENSER LE MONDE AU TEMPS DU CORONAVIRUS CHRONIQUE 1, LE 20 MARS 2020 MORTELLE CIVILISATION ! En ces temps obscurs et douloureux, de confinement quasi planĂ©taire, oĂč un flĂ©au d’une ampleur encore incommensurable sur le plan humain, tant du point de vue sanitaire que social ou psychologique sans mĂȘme parler de ses dĂ©sastreuses consĂ©quences Ă©conomiques, rĂ©pand la mort, angoisse et souffrance, aux quatre coins de nos cinq continents, et surtout en Europe aujourd’hui, il serait tentant, mais peut-ĂȘtre aussi trop facile, de paraphraser, en en dĂ©plaçant certes le contexte historique, la cĂ©lĂ©brissime premiĂšre phrase de Marx et Engels en leur non moins fameux Manifeste du Parti Communiste un spectre hante l’Europe le spectre du coronavirus ». Je ne m’y adonnerai toutefois pas ici. L’heure, en effet, est suffisamment grave, en cette deuxiĂšme dĂ©cennie du XXIe siĂšcle, et la situation suffisamment sĂ©rieuse, pour ne rien ajouter, face Ă  cette prĂ©occupante pandĂ©mie du covid-19, au catastrophisme ambiant, Ă  un alarmisme exagĂ©rĂ© ou Ă  une quelconque et trĂšs malvenue thĂ©orie du complot, oĂč de nouveaux apprentis sorciers, idĂ©ologues de tous poils et autres prĂȘcheurs de mauvais aloi, font de leur prĂ©tendu savoir, mais bien plus encore de leur fonciĂšre ignorance, le lit aussi nausĂ©abond qu’arrogant de leurs propres et seuls calculs politiques, souvent fanatisĂ©s. Honte Ă  ces sinistres dĂ©magogues qui exploitent ainsi sans vergogne, sur de misĂ©rables vidĂ©os qu’ils essaiment Ă  l’envi sur les diffĂ©rents rĂ©seaux sociaux, l’actuelle dĂ©tresse humaine ! C’est donc Ă  un immense poĂšte, philosophe Ă  ses heures intelligemment perdues – le grand Paul ValĂ©ry –, que je ferai appel ici, plus modestement, afin d’éclairer quelque peu, certes humblement mais plus sagement aussi, cette sombre et funeste plaie du temps prĂ©sent. LA CRISE DE L’ESPRIT Il y a tout juste un peu plus d’un siĂšcle, en 1918, au lendemain donc de la PremiĂšre Guerre mondiale mais le prĂ©sident de la RĂ©publique Française, Emmanuel Macron en personne, ne vient-il pas de marteler que, face Ă  cet ennemi invisible et insaisissable » qu’est ce menaçant coronavirus, nous Ă©tions prĂ©cisĂ©ment en guerre » ?, ValĂ©ry Ă©crivait, en effet, un texte mĂ©morable, d’une extraordinaire profondeur d’ñme et dont l’emblĂ©matique titre, La Crise de l’Esprit », devrait plus que jamais rĂ©sonner, aujourd’hui, comme un pressant quoique salutaire cri d’alarme, Ă  mĂ©diter toutes affaires cessantes, au vu de cette urgence simplement mĂ©dicale, pour l’avenir, sinon la sauvegarde, de l’humanitĂ©. Ainsi donc ValĂ©ry commençait-il dĂ©jĂ  Ă  l’époque, d’une formule dont la concision n’avait d’égale que sa justesse, son admirable mĂ©ditation Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et de justifier ensuite, avec force dĂ©tails et preuves Ă  l’appui, quoique sans pour autant jamais tomber en un nihilisme tout aussi dĂ©sespĂ©rant, voire suspect, cette douloureuse mais lucide assertion Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leur lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avaient aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie
 ce seraient aussi de beaux noms. 
 Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. » UNE CIVILISATION A LA MÊME FRAGILITE QU’UNE VIE ValĂ©ry, oui, a, hĂ©las, raison Ă  l’heure oĂč l’humanitĂ© se voit aujourd’hui menacĂ©e trĂšs concrĂštement, pour reprendre les termes mĂȘmes des principaux responsables de l’OMS Organisation Mondiale de la SantĂ© aussi bien que de l’ONU Organisation des Nations-Unies, et face Ă  laquelle le nouveau coronavirus n’est assurĂ©ment que le symptĂŽme Ă  la fois le plus spectaculaire, vaste et dangereux, nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie ! Car cette humanitĂ©, effectivement, est aujourd’hui comme assiĂ©gĂ©e de toutes parts rĂ©chauffement climatique ; pollution atmosphĂ©rique ; destruction de l’écosystĂšme ; rĂ©trĂ©cissement du biotope ; Ă©rosion des glaciers ; fonte des neiges ; Ă©lĂ©vation des ocĂ©ans ; inondations et tsunamis ; cyclones et tremblements de terre ; disparition d’espĂšces animales ; Ă©touffement de la faune vĂ©gĂ©tale et marine ; apparition de maladies inconnues et de nouvelles pathologies ; Ă©pidĂ©mies incontrĂŽlables ; augmentation des dĂ©pressions nerveuses, des burn out et des suicides ; multiplication des guerres locales ou tribales ; propagation du terrorisme islamiste ; retour de l’obscurantisme religieux ; montĂ©e des extrĂ©mismes et autres populismes ; migrations gigantesques ; dĂ©placements de populations ; pauvretĂ© grandissante ; crash boursiers ; robotisation de l’humain, voire du post-humain ; emballement du capitalisme sauvage ; triomphe de l’argent ; soif de compĂ©tition mal comprise ; mĂ©pris de la culture au profit du happening ; dĂ©perdition de la langue comme de l’écrit ; nĂ©gation du rĂ©el au profit du virtuel ; Ă©mergence de la pensĂ©e unique au dĂ©triment de la rĂ©flexion critique ; rĂšgne de l’effet de mode ; empire du conformisme ambiant ; valorisation du matĂ©rialisme et dĂ©valorisation du spirituel ; course folle Ă  l’armement ; perte de tout point de repĂšre pour une jeunesse en mal d’idĂ©aux ; dĂ©prĂ©ciation des valeurs morales, du sens de l’éthique et des comportements civiques, toutes choses pourtant essentielles Ă  la bonne marche du monde ; aveuglement de masse 
 Et j’en passe les tares de notre pseudo modernitĂ© sont trop nombreuses pour que je puisse les Ă©numĂ©rer toutes ici ! LA NATURE, A DEFAUT DE CƒUR, A SES RAISONS QUE LA RAISON NE CONNAÎT PAS Ainsi donc, oui, Paul ValĂ©ry, esprit fin, cultivĂ©, profond et subtil Ă  la fois, a raison notre civilisation, nous le constatons Ă  prĂ©sent de maniĂšre on en peut plus tangible avec cette dramatique crise du coronavirus, est, elle aussi, mortelle ! A cette Ă©norme diffĂ©rence prĂšs qu’elle s’avĂšre aujourd’hui doublement mortelle mortelle au sens passif – elle se meurt, inexorablement, et par notre propre faute – mais aussi au sens actif – elle est en train, littĂ©ralement, de nous tuer, en une soudaine accĂ©lĂ©ration exponentielle, et toujours par notre propre faute, ce mixte inconsidĂ©rĂ© d’inconscience, d’imprĂ©vision et d’égoĂŻsme, de piĂštres calculs Ă  toujours Ă  trop courts termes, sans visions d’ensemble, aiguillonnĂ©e par le seul intĂ©rĂȘt particulier au dĂ©triment de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Oui, le monde contemporain a les idĂ©es courbes plus encore que courtes voilĂ  pourquoi, dĂ©sormais, il ne tourne plus rond qu’en apparence. Pis il se veut tellement rĂ©glĂ©, formatĂ©, normatif, telle une parfaite machine Ă  fabriquer un totalitarisme qui s’ignore, un fascisme qui ne dit pas son nom, qu’il a fini, au comble d’un paradoxe aussi vertigineux que comprĂ©hensible, par se dĂ©rĂ©gler, sans plus de limites pour le contenir dans la sphĂšre de la raison, du simple bon sens. Nous en payons aujourd’hui, prĂ©cisĂ©ment, le lourd et tragique tribut ! Le systĂšme, en ces temps aux rumeurs d’apocalypse, est, manifestement, Ă  bout de souffle un minuscule mais surpuissant virus peut anĂ©antir, ou presque, sinon une civilisation tout entiĂšre, du moins l’arrogance des hommes ! Terrible et fatidique boomerang ! La technologie, fĂ»t-elle la plus sophistiquĂ©e, n’y peut rien la nature, Ă  dĂ©faut du cƓur, a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas ! IL FAUT TENTER DE VIVRE ! D’oĂč, urgente, cette conclusion en forme de priĂšre l’ĂȘtre humain, s’il ne veut pas vĂ©ritablement disparaĂźtre, saura-t-il enfin prendre Ă  sa juste mesure, en y rĂ©flĂ©chissant doctement, avec la sagesse dont il est encore capable, les impĂ©rieuses, et surtout vitales, leçons de cette tragique, sinon encore fatale, histoire ? C’est lĂ  un souhait que j’exprime ici trĂšs sincĂšrement, nanti de l’indĂ©fectible soutien moral et intellectuel, lĂ  encore, du grand Paul ValĂ©ry dans les derniers vers de cette splendide mĂ©ditation, quasi mĂ©taphysique, sur la mort qu’est son CimetiĂšre Marin », l’un des plus beaux poĂšmes, au sein de la littĂ©rature française, du XXe siĂšcle Le vent se lĂšve !... Il faut tenter de vivre ! » Allez, courage, hommes et femmes de bonne volontĂ© la guerre, malgrĂ© l’immense souffrance de ce monde aujourd’hui endeuillĂ©, et par-delĂ  mĂȘme ce douloureux avertissement qui nous Ă©treint quotidiennement, n’est pas perdue ! DANIEL SALVATORE SCHIFFER* *Philosophe, auteur, notamment, de La Philosophie d’Emmanuel Levinas – MĂ©taphysique, esthĂ©tique, Ă©thique » Presses Universitaires de France, Oscar Wilde » et Lord Byron publiĂ©s tous deux chez Gallimard – Folio Biographies, TraitĂ© de la mort sublime – L’art de mourir de Socrate Ă  David Bowie Alma Editeur, Divin Vinci – LĂ©onard de Vinci, l’Ange incarnĂ© » et Gratia Mundi – RaphaĂ«l, la GrĂące de l’Art » publiĂ©s tous deux aux Editions Erick Bonnier.
P Valéry écrit : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins, descendus au fond Inexplorable des siÚcles, avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs dictionnaires, leurs classiques. leurs
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette citation du poĂšte Paul Valery illustre parfaitement la pĂ©riode actuelle puisque l’humanitĂ© est confrontĂ©e Ă  une crise affectant tous les domaines de son existence, crise financiĂšre, Ă©conomique, sociale, politique, Ă©nergĂ©tique, technique, Ă©cologique, anthropologique...Cette crise n’est d’ailleurs pas seulement globale mais systĂ©mique, au sens oĂč quelque chose fait lien entre ses multiples facettes. Ce qui fait lien ce n’est pas tant que la sociĂ©tĂ© a sombrĂ© dans la dĂ©mesure, mais le fait que le paradigme fondateur de la civilisation marchande soit entrĂ© lui-mĂȘme en dissonance. Nous crevons tout autant de la victoire du processus de marchandisation, qui a conduit, depuis deux siĂšcles, Ă  rendre marchand tout ce qui pouvait l’ĂȘtre, qu’à l’impossibilitĂ© structurelle de ce mĂȘme processus de se poursuivre crise systĂ©mique n’est donc pas seulement une crise des mĂ©faits, bien rĂ©els, de la marchandisation mais un blocage structurel liĂ© Ă  la logique de marchandisation sommes donc face Ă  un grand mouvement de dĂ©marchandisation, malgrĂ© les efforts constants pour remarchandiser ce qui l’était moins grĂące aux conquĂȘtes sociales. La marchandisation appartient donc probablement au passĂ©, mĂȘme si nous n’en avons pas encore pleinement conscience, mĂȘme si nous ne sommes pas prĂȘts d’en finir avec le capitalisme, surtout qu’il pourrait trĂšs bien parvenir Ă  ouvrir de nouveaux champs Ă  la marchandise avec l’anthropocĂšne transhumaniste. La marchandisation est donc un passĂ© qui n’en a peut ĂȘtre pas fini, mais dont les dommages ne pourront que croĂźtre s’il s’obstine encore Ă  obstruer l’horizon historique et Ă  noyer nos vies dans les eaux glacĂ©es du calcul Ă©goĂŻste selon l’heureuse formule de Marx. Ce moment prĂ©sent est pourtant celui d’une relĂšve possible de ce principe qui se meurt en tant que paradigme dominant par un nouveau principe que le systĂšme voudrait refouler de sa vision. Albert Einstein disait que tant qu’on a la tĂȘte sous forme d’un marteau on perçoit tous les problĂšmes sous forme de clou. Tant que nous aurons la tĂȘte formatĂ©e par les globalivernes qui prĂ©sident Ă  la vision dominante du monde nous resterons dans l’incapacitĂ© de saisir ce qui se dĂ©veloppe. Nous devons donc redevenir des voyants comme nous y incitait Arthur nouvel Ăąge qui sonne Ă  la porte de l’humanitĂ© porte le joli nom de gratuitĂ©, ou, pour le dire de façon plus savante, de dĂ©fense et d’extension de la sphĂšre de la gratuitĂ©, car cette gratuitĂ© n’a jamais totalement disparu, mĂȘme au sein du versus marchandisation, deux gĂ©ants aux prises depuis des siĂšcles et dont nous retracerons sommairement l’histoire. GratuitĂ© versus marchandisation, deux plaques tectoniques dont les mouvements dĂ©gagent sous nos yeux de nouveaux continents. Nous partirons donc Ă  la dĂ©couverte des Ăźlots de gratuitĂ©. Nous nous demanderons quel rapport cette marche vers la sociĂ©tĂ© de la gratuitĂ© entretient avec l’idĂ©e galopante d’un revenu gratuitĂ©, dont je parle, est, bien sĂ»r, une gratuitĂ© construite, Ă©conomiquement construite, socialement construite, culturellement construite, politiquement, construite, Ă©cologiquement construite, juridiquement construite, anthropologiquement construite, etc. Il ne s’agit donc pas simplement de ces gratuitĂ©s naturelles » comme le soleil ni mĂȘme de ces gratuitĂ©s premiĂšres comme l’amour, l’amitiĂ©, la gentillesse, la solidaritĂ© qui donnent pourtant du prix Ă  la gratuitĂ©s, que j’évoque, se dĂ©veloppent avec le retour des communs, dont la forme peut ĂȘtre celle des services publics Ă  la française, ou, des nouveaux espaces de gratuitĂ© qui embellissent nos villes, boites Ă  livres, jardins partagĂ©s, dĂ©coration florale
Cette gratuitĂ© n’est pas la poursuite du vieux rĂȘve mensonger Demain, on rase gratis » ; elle ne croit plus aux lendemains qui chantent » car elle veut justement chanter au prĂ©sent ; elle ne promet pas une libertĂ© sauvage d’accĂšs aux biens et services, mais relĂšve d’une grammaire, avec ses grandes rĂšgles et ses exceptions. PremiĂšre rĂšgle la gratuitĂ© ne couvre pas seulement les biens et services qui permettent Ă  chacun de survivre comme l’eau vitale et le minimum alimentaire, elle sĂ©tend, potentiellement, Ă  tous les domaines de l’existence, y compris le droit au beau, le droit Ă  la nuit, le droit Ă  prendre part Ă  la culture et Ă  la politique. DeuxiĂšme rĂšgle si tous les domaines de l’existence ont vocation Ă  ĂȘtre gratuits, tout ne peut ĂȘtre gratuit dans chacun des domaines, et, pas seulement pour des raisons de rĂ©alisme comptable, mais parce que la gratuitĂ© est le chemin qui conduit Ă  la sobriĂ©tĂ©. TroisiĂšme rĂšgle le passage Ă  la gratuitĂ© suppose de transformer les produits et service prĂ©existants dans le but d’augmenter leur valeur ajoutĂ©e sociale, Ă©cologique et trois rĂšgles se rejoignent au sein d’un nouveau paradigme gratuitĂ© du bon usage face au renchĂ©rissement du mĂ©susage. Ces trois rĂšgles n’épuisent, bien sĂ»r, pas tous les dĂ©bats. Est-il possible de dĂ©montrer que la gratuitĂ©, loin de provoquer l’irresponsabilitĂ© dont on l’accuse, fait partie des solutions anti-gaspillage ? Comment s’opposer Ă  ceux qui clament que la gratuitĂ© aboutira au renforcement de Big-Brother et de Big-Mother, au contrĂŽle soupçonneux d’un cĂŽtĂ© et Ă  l’assistanat liberticide d’un autre ? Pourquoi la gratuitĂ© serait-elle plus efficace que les tarifs sociaux ? Cet ouvrage rĂ©pondra, sans faux fuyants, Ă  toutes les questions que se posent lĂ©gitimement les citoyens et les contribuables, car il faut bien lever les peurs, savamment entretenues, pour rouvrir le champ des possibles et avancer vers la voyage nous conduira Ă  la dĂ©couverte gourmande des mille et une expĂ©riences de gratuitĂ© qui fleurissent aujourd’hui gratuitĂ© de l’eau, de l’énergie, de la restauration scolaire, des services culturels, bibliothĂšques comme musĂ©es, des Ă©quipements sportifs, des services funĂ©raires, de la santĂ©, de l’enseignement, du logement, des transports en commun scolaires et urbains, de l’accĂšs aux services juridiques et aux donnĂ©es publiques, de la participation politique, des parcs et jardins publics, des espaces de jeux, de l’embellissement des villes, du numĂ©rique
Ce voyage fraye aussi des chemins plus escarpĂ©s pour passer de ces Ăźlots de la gratuitĂ© Ă  des archipels puis, demain, Ă  un continent. J’ai l’espoir que tous ces petits bouts de gratuitĂ© finiront par cristalliser, donnant naissance Ă  une nouvelle civilisation, laquelle cohabitera longtemps avec un secteur marchand de la mĂȘme façon qu’existent encore, aujourd’hui, des formes de vie prĂ©capitalistes. J’ai envie de croire, et j’ai de bonnes et de belles raisons pour cela, que cette sphĂšre de la marchandise dĂ©clinera jusqu’à disparaitre. Mais la gratuitĂ© ne fera sociĂ©tĂ© que si elle terrasse les quatre cavaliers de l’Apocalypse qui menacent l’humanitĂ© et la planĂšte, que si elle permet de commencer Ă  sortir de la marchandisation de la monĂ©tarisation, de l’utilitarisme, de l’économisme, que si elle nous conduit au-delĂ  de la logique des besoins et de la proposition paraĂźtra iconoclaste Ă  l’heure oĂč les tenanciers du capitalisme rĂ©pĂštent en boucle que ce qui serait sans valeur marchande perdrait humainement toute valeur, comme si l’amour et l’amitiĂ© n’existaient dĂ©jĂ  pas pour eux ; Ă  l’heure aussi oĂč la crise Ă©cologique leur sert de prĂ©texte pour Ă©tendre la sphĂšre de la marchandisation, selon les principes du pollueur-payeur » et de l’utilisateur payeur » en attendant que l’anthropocĂšne transhumaniste ne clore dĂ©finitivement ce dĂ©bat. Je sais bien qu’il reste des Bastille Ă  prendre mais nous n’y parviendrons qu’en brisant les images qui claquemurent nos vies. Ce voyage est un hymne au plus Ă  jouir » qu’offrira la gratuitĂ©, il dĂ©bouchera sur la sociĂ©tĂ© des usagers maĂźtres de leurs usages. Nous n’assistons pas seulement Ă  l’accouchement d’un nouveau monde car nous en sommes collectivement les vĂ©ritables acteurs. Le paradoxe veut que nous n’en soyons pas conscients car nous manquons d’outils intellectuels et de la sensibilitĂ© permettant de percevoir et de comprendre ce qui Ă©merge comme le signe annonciateur, une Ă©piphanie prometteuse, d’un autre futur. L’époque nous rend victimes d’un double tropisme aveuglant. Nous ne parvenons plus Ă  croire ce que nous savons car le dĂ©ni s’avĂšre ĂȘtre le principe structurant de nos existences collectives. Chacun sent bien que le capitalisme nous conduit dans le mur et pourtant nous continuons Ă  avancer comme si nous Ă©tions indiffĂ©rents au devenir du monde et Ă  celui de nos enfants. Le philosophe Pascal Ă©voquait la façon dont les multiples activitĂ©s nous distraient du sentiment de notre propre finitude. Ce refoulement s’est Ă©tendu aux menaces qui pĂšsent sur le devenir mĂȘme du genre humain compte tenu du risque d’effondrement. L’appel Ă  la responsabilitĂ© s’avĂšre d’une piĂštre utilitĂ© face au pĂ©ril. Ce constat pessimiste oblige Ă  refermer l’illusion des lumiĂšres l’accĂšs au savoir est bien une condition prĂ©alable Ă  l’émancipation mais il n’en est pas la condition. Comme l’écrit Gilles Deleuze, seul le dĂ©sir est rĂ©volutionnaire et la gratuitĂ© fonctionne au second blocage est tout aussi terrifiant puisque nous constatons que croire ce que l’on sait ne suffit pas toujours Ă  agir. Je ne parle mĂȘme pas ici d’une action rĂ©flĂ©chie et efficace. Le rĂ©quisitoire est Ă©tabli depuis si longtemps qu’il en est devenu assommant, au point de susciter la paralysie et le cynisme. Le sentiment d’impuissance Ă©teint les lumiĂšres dans nos tĂȘtes. La gratuitĂ© bouscule ce schĂ©ma mortifĂšre en introduisant d’autres formes d’intelligence. L’intelligence rationnelle conserve toute sa part et cet ouvrage apportera les informations, les analyses, les concepts qui sont autant de joyaux pour penser la transition. L’intelligence du cƓur est sollicitĂ©e car nous avons tous/toutes la gratuitĂ© chevillĂ©e au cƓur en raison de sa charge Ă©motionnelle liĂ©es Ă  nos relations amoureuses, amicales, affectives, bĂ©nĂ©voles. L’intelligence pratique s’avĂšre Ă©galement de l’ouvrage car la gratuitĂ© est d’abord du domaine du faire et d’un faire collectif. Ces intelligences de la raison, du cƓur et de la main s’épanouissent mieux en sociĂ©tĂ©, car la gratuitĂ© ne s’expĂ©rimente jamais seul. La gratuitĂ© s’oppose Ă  toute robinsonnade puisqu’elle fait sociĂ©tĂ©.
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es ; avec leurs grammaires, leurs

23 juin 2019 7 23 /06 /juin /2019 1133 Ă©crivait Paul ValĂ©ry. En Ă©cho, derniĂšrement, Amin Maalouf sort un livre dont le titre est Le naufrage des civilisations. Bienheureux le temps oĂč on pouvait encore Ă©crire civilisation au pluriel. La disparition de l’une n’était pas la disparition des autres. Restait Ă  la part d’espĂšce humaine, dont la civilisation s’était tarie ou avait Ă©tĂ© anĂ©antie, la possibilitĂ© d’en faire Ă©merger une autre. Surtout, ce n’était pas la disparition entiĂšre de l’espĂšce humaine. DĂ©sormais, que la civilisation devenue planĂ©taire, uniforme, univoque, vienne Ă  disparaitre, voici le monde plongĂ© dans les tĂ©nĂšbres. Mais si ce n’était que cela, il resterait Ă  l’espĂšce humaine, aprĂšs un long processus de rĂ©gĂ©nĂ©ration, d’en proposer une autre. Ces derniĂšres dĂ©cennies ont Ă©tĂ© le moment de progrĂšs scientifiques, techniques,
 tels, et dans de nombreux domaines, que, pour la premiĂšre fois dans l’histoire de l’HumanitĂ©, il nous est donnĂ© d’apporter des solutions Ă  des problĂšmes oĂč, jusqu’ici, cela s’était avĂ©rĂ© impossible. Au lieu de quoi, ces progrĂšs, utilisĂ©s Ă  d’autres fins que de servir le bien commun, produisent des outils et une pensĂ©e qui conduisent inexorablement Ă  notre disparition en tant qu’espĂšce. Ce qui est bien plus grave que la disparition d’une civilisation. Il est toujours regrettable de voir disparaĂźtre une civilisation – nous nous appauvrissons de la diversitĂ© qu’elle proposait, nous perdons des propositions alternatives. Il est grave de se donner Ă  une seule. La mondialisation porte en germe notre extinction. Aussi, il nous faut Ɠuvrer pour le local, contre le global. Il nous faut vouloir le petit, contre le grand. Le droit Ă  l’exercice de la diffĂ©rence, que ce soit dans le cadre de la rĂ©flexion politique, Ă©conomique, dans celui des modĂšles de sociĂ©tĂ©. Il nous faut lutter contre l’uniformisation, la pensĂ©e unique et globalisĂ©e. Cela suppose que nous demeurions souverains, que nous conservions le territoire sur lequel exercer cette souverainetĂ©, que les Ă©tats retrouvent leur capacitĂ© d’exercer leur puissance face aux gĂ©ants industriels qui ont pris le pouvoir. Nous autres, appartenant Ă  l’espĂšce humaine, nous savons maintenant que, dans le cadre de la mondialisation, nous sommes mortels parce que nous perdons la maĂźtrise de notre avenir au travers d’accords commerciaux qui, n’ayant que faire de la permanence de l’écosystĂšme, du sort des ĂȘtres humains, n’ont d’autre visĂ©e que servir le profit immĂ©diat et privĂ© de quelques uns. Ironie, ceux, Ă  qui profite ce crime qui est la disparition programmĂ©e de l’espĂšce humaine, sont appelĂ©s, eux aussi, Ă  disparaĂźtre. C’est dire Ă  quel degrĂ© de bĂȘtise ils sont rendus. Nous sommes rendus, nous le grand nombre, pour ne pas rĂ©agir. Jadis, les civilisations Ă©taient mortelles. DĂ©sormais, nous savons que notre espĂšce l’est. C’est une autre paire de manches.

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Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  un an de la Le deal Ă  ne pas rater Cartes PokĂ©mon sortie d’un nouveau coffret Ultra Premium ... Voir le deal philo Z'amis Forum des citoyens Philosophie 3 participantsAuteurMessageMorgan Kane******Sujet Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 1138 De Paul Valery, aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les n’est pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il n’a pas suffi Ă  notre gĂ©nĂ©ration d’apprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ?_________________Tout smouales Ă©taient les borogoves NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 18 Nov - 1511 Morgan Kane a Ă©crit Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Dur, ton texte !Les vertus du peuple allemand... Faut-il les appeler ainsi ? Tout le peuple est-il responsable ? Certes, un tarĂ© bien entourĂ© a Ă©tĂ© dĂ©mocratiquement Ă©lu, mais ne faisons-nous pas les mĂȘme erreurs, nous autres Français, bien moins vertueux ?Combien d'Ă©lecteurs auraient peu imaginer l'horreur qui s'en est suivie ? Morgan Kane a Ă©crit Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? Tu sais bien que le peuple suit celui qui parle bien ! Tellement de gens se font avoir eux-mĂȘmes en toute honnĂȘtetĂ© vertu en espĂ©rant vivre mieux et en croyant que ce qu'on leur dit est bon. Certes, nous sommes tous des Ă©goĂŻstes, quelque part, ce qui n'est pas une vertu, mais la Ă  toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 530 Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă  l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă  terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă  leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Morgan Kane******Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 610 Pestoune a Ă©crit Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă  l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă  terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă  leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Compte tenu du rĂšgne de la finance et du marchĂ©, une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de reconstruire le monde d'avant ..... jusqu'Ă  la catastrophe finale .... Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus. _________________Tout smouales Ă©taient les borogoves Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 820 Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă  un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă  ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă  faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă  l'humanitĂ©. Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1259 Pestoune a Ă©crit Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă  un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă  ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă  faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă  l'humanitĂ©. N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. Pestoune a Ă©crit Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. _________________Bienvenue Ă  toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1408 Nelly a Ă©crit N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. D'oĂč mon emploi du conditionnel Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Page 1 sur 1 Sujets similaires» SOMMES NOUS ENCORE CAPABLES DE NOUS SENTIR RESPONSABLES» Sommes nous responsables de ce que nous sommes ? » ÊTRE ZEN LE SAVONS NOUS?» Du coq Ă  l'Ăąne, comportements et instincts, oĂč en sommes nous?» Philosophie et MediasPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumphilo Z'amis Forum des citoyens PhilosophieSauter vers
nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, ♩ Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion (Stendhal, Souv. Ă©gotisme, 1832, DĂ©finition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire. Français[modifier le wikicode] Étymologie[modifier le wikicode] ComposĂ© de nous et de autres. Pronom personnel [modifier le wikicode] nous autres \ masculin et fĂ©minin identiques, pluriel Nous, par opposition Ă  vous. — Note Pronom de la premiĂšre personne du pluriel exclusif. Ah ! si nous avions Ă©tĂ© lĂ , nous autres, de tous ces Allemands qui sont entrĂ©s en France pas un ne serait sorti vivant. Nos draks, nos feux follets les auraient conduits dans des fondriĂšres. — Alphonse Daudet, Les fĂ©es de France, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 150 Vois-tu, mon cher confident
 pour nous autres pauvres gentilshommes qui ne voulons pas Ă©migrer, on vit trop mal chez l’étranger
 nous n’avons qu’un parti Ă  prendre, c’est de nous dĂ©blasonner et de donner des gages Ă  la RĂ©volution
 — La France dramatique au dix-neuviĂšme siĂšcle ; Renaissance, Carte blanche, comĂ©die en un acte, 1839, page 62 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. — Paul ValĂ©ry, La Crise de l’esprit », dans VariĂ©tĂ© I et II, Folio Essais, page 13 Louisiane Canada Familier Nous inclusif ou exclusif. La petite est venue avec nous autres. C’est nous autres que Paul a saluĂ©s de la main. Nous autres, on part tout de suite. Notes[modifier le wikicode] En français louisianais il a totalement supplantĂ© nous. Variantes orthographiques[modifier le wikicode] nous-autres Vocabulaire apparentĂ© par le sens[modifier le wikicode] eux autres vous autres Traductions[modifier le wikicode] Locution nominale [modifier le wikicode] nous autres \ masculin et fĂ©minin identiques, pluriel Nouvelle-CalĂ©donie Familier Nous inclusif ou exclusif. Les nous autres du Caillou — Christine Pauleau, Le français de Nouvelle-CalĂ©donie, EDICEF, 1995, ISBN 9782841290239, page 97. RĂ©fĂ©rences[modifier le wikicode] Denis Dumas, Nos façons de parler Les prononciations en français quĂ©bĂ©cois, 1987, ISBN 9782760504455. Julie Auger, Pronominal Clitics in QuĂ©bec Colloquial French A Morphological Analysis, dissertation, University of Pennsylvania, 1994. Nousautres, civilisations « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » Paul Valery. Labels: quote. Newer Post Older Post Home. Search This Blog. Welcome ! A Message from your host (1) Posts on Thomas Mann (15) William Golding (11) Mikhail Bulgakov (8) Gustave Flaubert (6) Peter Matthiessen (5) Anthony Burgess
Curieux insatiables, nos contemporains s'interrogent sans fin sur les civilisations. Un ministre de l'IntĂ©rieur a pu ainsi observer Contrairement Ă  ce que dit l'idĂ©ologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas 
. Celles qui dĂ©fendent l'humanitĂ© nous paraissent plus avancĂ©es que celles qui la nient. Celles qui dĂ©fendent la libertĂ©, l'Ă©galitĂ© et la fraternitĂ©, nous paraissent supĂ©rieures Ă  celles qui acceptent la tyrannie, la minoritĂ© des femmes, la haine sociale ou ethnique » Claude GuĂ©ant, 4 fĂ©vrier 2012. Le propos a fait polĂ©mique en raison du flou qui entoure le mot civilisations » au pluriel. Demandons-nous ce que recouvre ce mot que le ministre français a employĂ© en lieu et place du mot sociĂ©tĂ©s ». On peut lĂ©gitimement prĂ©fĂ©rer la sociĂ©tĂ© allemande du temps de Bach Ă  la sociĂ©tĂ© allemande du temps de Hitler mĂȘme si l’une et l’autre relĂšvent de la culture allemande, elle-mĂȘme partie intĂ©grante de la civilisation europĂ©enne. Allons-nous pour autant vers une civilisation planĂ©taire construite autour de valeurs universelles ? Rien n’est moins sĂ»r
 AndrĂ© LaranĂ©, avec la contribution d'Isabelle GrĂ©gor Pas de civilisation » avant le XVIIIe siĂšcle ! Bien que d’apparence commune, le mot civilisation » n’a que trois siĂšcles d’existence. Il est issu du latin civis, c'est-Ă -dire citoyen, et de civitas, qui dĂ©signe la citĂ©, autrement dit l’ensemble des citoyens. Il apparaĂźt d’abord dans le vocabulaire juridique pour dĂ©signer le fait de rendre civile une matiĂšre criminelle ! C'est au siĂšcle des LumiĂšres qu'il commence Ă  se montrer dans un sens moderne. On le repĂšre en 1758 dans L’Ami des Hommes, un essai politique de Victor Riqueti de Mirabeau, le pĂšre du tribun rĂ©volutionnaire C'est la religion le premier ressort de la civilisation », c'est-Ă -dire qui rend les hommes plus aptes Ă  vivre ensemble. On le retrouve en 1770 dans L’Histoire des Deux Indes, un ouvrage majeur du siĂšcle des LumiĂšres, attribuĂ© Ă  l’abbĂ© de Raynal et plus probablement Ă  Diderot La civilisation d'un empire est un ouvrage long et difficile ». Dans cet ouvrage, le mot civilisation » est employĂ© comme synonyme de rendre policĂ© » de polis, citĂ© en grec. Il exprime le processus qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de l’état de nature, en corrĂ©lation avec le dĂ©veloppement des villes. À ce propos, il n’est pas anodin d’observer que les adjectifs apparentĂ©s civilisĂ© », policĂ© » et urbain » au sens d’urbanitĂ© viennent de mots latins ou grecs qui dĂ©signent tous la ville ou la citĂ© civitas, polis, urbs. En 1795, Ă  la fin de la RĂ©volution, le mot civilisation a les honneurs du dictionnaire de l'AcadĂ©mie française avec la dĂ©finition suivante Action de civiliser, ou Ă©tat de ce qui est civilisĂ© ». L'Ă©dition de 1872 est plus prĂ©cise État de ce qui est civilisĂ©, c'est-Ă -dire ensemble des opinions et des mƓurs qui rĂ©sulte de l'action rĂ©ciproque des arts industriels, de la religion, des beaux-arts et des sciences ». Elle ne porte pas de jugement de valeur ni n’établit de comparaison entre diffĂ©rentes formes de civilisations. Le barbare n'est pas celui qu'on croit Les jugements de valeur ont longtemps Ă©tĂ© Ă©trangers Ă  la pensĂ©e occidentale. Quand les anciens Grecs inventent le mot barbare, il s’agit simplement d'une onomatopĂ©e par laquelle ils dĂ©signent les gens qui ne parlent pas leur langue. Le sens du mot Ă©volue Ă  la fin de l’AntiquitĂ© quand, choquĂ©s par la violence des invasions germaniques, les Romains commencent Ă  opposer sauvagerie et civilisation humanitas. Le mot barbare prend alors une consonance pĂ©jorative en dĂ©signant l'ensemble des peuples hostiles qui vivent aux confins de l'empire. Mais les Romains et leurs hĂ©ritiers, chrĂ©tiens Ă  l’ouest, majoritairement musulmans Ă  l’est, demeurent Ă©trangers aux jugements de valeur et plus encore aux catĂ©gories raciales. Au Moyen Âge, pour les disciples du Christ comme pour ceux de Mahomet, tous les hommes ont vocation Ă  rejoindre leur foi. À ce propos, retenons l’observation ironique de l'historien britannique Arnold Toynbee, publiĂ©e en 1972 Au lieu de diviser l’humanitĂ© comme nous le faisons, en hommes de race blanche et en hommes de couleur, nos ancĂȘtres les divisaient en chrĂ©tiens et en paĂŻens. Nous ne pouvons manquer d’avouer que leur dichotomie valait mieux que la nĂŽtre tant sur le plan de l’esprit que de la morale» L’Histoire, Elsevier, 1972, traduction 1978. Curieux de tout, les EuropĂ©ens du Moyen Âge, une fois qu’ils eurent fait le tour de leur monde imaginaire bestiaire, gargouilles
, s’échappĂšrent de l’étroite fin de terre » dans laquelle ils sont piĂ©gĂ©s. Ils empruntĂšrent la seule voie qui leur fut ouverte, la voie ocĂ©anique, et c'est ainsi qu' Ils regardaient monter en un ciel ignorĂ©/Du fond de l’OcĂ©an des Ă©toiles nouvelles » JosĂ© Maria de Heredia. Brutales rencontres La rencontre avec les peuples du Nouveau Monde est brutale, d’autant plus meurtriĂšre que s’immisce le flĂ©au des Ă©pidĂ©mies. Elle rĂ©vĂšle aussi aux EuropĂ©ens l’infinie diversitĂ© de la condition humaine Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses ! » Cette rĂ©flexion amusĂ©e conclut le passage des Essais rĂ©digĂ© par Montaigne aprĂšs sa rencontre avec trois Indiens du BrĂ©sil, Ă  Rouen, en 1562. Montaigne ne s’en tient pas lĂ . DĂ©crivant les mƓurs cruelles des cannibales » dico, il ajoute Je trouve, pour revenir Ă  mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, Ă  ce qu’on m’en a rapportĂ© sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage ». Et prĂ©cise Je pense qu’il y a plus de barbarie Ă  manger un homme vivant qu’à le manger mort, Ă  dĂ©chirer par tourments et par gĂ©hennes, un corps encore plein de sentiment, Ă  le faire rĂŽtir par le menu ». La critique vise ses contemporains qui se dĂ©chirent dans les guerres de religion. Montaigne les amĂšne Ă  rĂ©flĂ©chir sur leur conduite par une mise en parallĂšle avec une autre conduite, le cannibalisme, que son Ă©loignement permet d’observer avec dĂ©tachement. Cette dĂ©marche sera reprise un siĂšcle plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes. Ses deux hĂ©ros, Usbek et Rica, par leur questionnement sur la sociĂ©tĂ© française, amĂšnent les lecteurs Ă  remettre en question leurs certitudes. Pour ces penseurs Ă©clairĂ©s, il s’agit non pas de condamner ou rĂ©prouver mais simplement de faire progresser des pratiques figĂ©es dans l’habitude et la routine. En prĂ©venant les Occidentaux contre le pĂ©chĂ© d’arrogance et le sentiment qu’ils n’ont rien Ă  apprendre de quiconque, l’ouverture aux sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres devient un moteur de l’innovation. Elle s’avĂšre efficace si l’on en juge par la liste des emprunts Ă©trangers dans les sociĂ©tĂ©s de la Renaissance et du siĂšcle des LumiĂšres, depuis le tabac, originaire du BrĂ©sil, jusqu’au recrutement des hauts fonctionnaires par concours, selon la pratique chinoise du mandarinat. PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2021-08-23 053815
Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous ĂȘtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 9 Ă  30; Collection: Études de littĂ©rature des xx e et xxi e siĂšcles, n° 96; Autres informations ⼟ ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0009; Éditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne: 29/03/2021; Langue: Français; Chapitre
Une entrevue de Paul-Marie CoĂ»teaux. La pensĂ©e chrĂ©tienne, une rĂ©volution pour chaque vie. L’abbĂ© de TanouĂ€rn joue un rĂŽle important dans la vie religieuse, mais aussi politique, deux domaines qu’il ne sĂ©pare jamais, tenant qu’il n’y a pas de religion sans dimension politique et moins encore de politique qui vaille sans un constant souci religieux, comme il le montre Ă  la tĂȘte du mensuel Monde & Vie, multipliant aussi les ouvrages, confĂ©rences et enseignements. Car ce trĂšs actif prĂȘtre catholique est d’abord un thĂ©ologien, et un philosophe qui montre ici, en retraçant pas Ă  pas son parcours original admirateur de Mgr Lefebvre, il fut ordonnĂ© prĂȘtre de la FraternitĂ© Sacerdotale Saint Pie X Ă  EcĂŽne avant de revenir dans le giron de Rome, que la foi, voix du cƓur, est aussi une oeuvre de l’esprit, une construction intellectuelle de chaque jour qui rĂ©volutionne toute vie.
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ", Ă©crit ValĂ©ry dans la cĂ©lĂšbre "PremiĂšre Lettre" de "La crise de l'esprit" qui ouvre VariĂ©tĂ© 7. A la mĂȘme Ă©poque en 1919, que pense Gide de notre civilisation occidentale, agonisante aprĂšs la dĂ©liquescence de l'Histoire qui suit la premiĂšre Guerre Mondiale ? Interrogation curieuse : soumettre Ă  Gide
par Paul ValĂ©ry 1871-1945, La Crise de l’esprit 1919 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es ; avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie
 ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. ⁂ Ce n’est pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il n’a pas suffi Ă  notre gĂ©nĂ©ration d’apprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? ⁂ Ainsi la PersĂ©polis spirituelle n’est pas moins ravagĂ©e que la Suse matĂ©rielle. Tout ne s’est pas perdu, mais tout s’est senti pĂ©rir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acquise par des siĂšcles de malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, par des chances gĂ©ographiques, ethniques, historiques innombrables. Alors, — comme pour une dĂ©fense dĂ©sespĂ©rĂ©e de son ĂȘtre et de son avoir physiologiques, toute sa mĂ©moire lui est revenue confusĂ©ment. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remontĂ©s pĂȘle-mĂȘle. Jamais on n’a tant lu, ni si passionnĂ©ment que pendant la guerre demandez aux libraires. Jamais on n’a tant priĂ©, ni si profondĂ©ment demandez aux prĂȘtres. On a Ă©voquĂ© tous les sauveurs, les fondateurs, les protecteurs, les martyrs, les hĂ©ros, les pĂšres des patries, les saintes hĂ©roĂŻnes, les poĂštes nationaux
 Et dans le mĂȘme dĂ©sordre mental, Ă  l’appel de la mĂȘme angoisse, l’Europe cultivĂ©e a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensĂ©es dogmes, philosophies, idĂ©aux hĂ©tĂ©rogĂšnes ; les trois cents maniĂšres d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes tout le spectre de la lumiĂšre intellectuelle a Ă©talĂ© ses couleurs incompatibles, Ă©clairant d’une Ă©trange lueur contradictoire l’agonie de l’ñme europĂ©enne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiĂ©vreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se dĂ©faire des fils de fer barbelĂ©s, de dĂ©jouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l’ñme invoquait Ă  la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations qu’elle savait, considĂ©rait sĂ©rieusement les plus bizarres prophĂ©ties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antĂ©rieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont lĂ  les produits connus de l’anxiĂ©tĂ©, les entreprises dĂ©sordonnĂ©es du cerveau qui court du rĂ©el au cauchemar et retourne du cauchemar au rĂ©el, affolĂ© comme le rat tombĂ© dans la trappe
 La crise militaire est peut-ĂȘtre finie. La crise Ă©conomique est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature mĂȘme, prend les apparences les plus trompeuses puisqu’elle se passe dans le royaume mĂȘme de la dissimulation, cette crise laisse difficilement saisir son vĂ©ritable point, sa phase. Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littĂ©rature, en philosophie, en esthĂ©tique. Nul ne sait encore quelles idĂ©es et quels modes d’expression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveautĂ©s seront proclamĂ©es. L’espoir, certes, demeure et chante Ă  demi-voix Et cum vorandi vicerit libidinem Late triumphet imperator spiritus Mais l’espoir n’est que la mĂ©fiance de l’ĂȘtre Ă  l’égard des prĂ©visions prĂ©cises de son esprit. Il suggĂšre que toute conclusion dĂ©favorable Ă  l’ĂȘtre doit ĂȘtre une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes Ă©crivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture europĂ©enne et la dĂ©monstration de l’impuissance de la connaissance Ă  sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme dĂ©shonorĂ©e par la cruautĂ© de ses applications ; il y a l’idĂ©alisme, difficilement vainqueur, profondĂ©ment meurtri, responsable de ses rĂȘves ; le rĂ©alisme déçu, battu, accablĂ© de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement Ă©galement bafouĂ©s ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-mĂȘmes dĂ©sarçonnĂ©s par des Ă©vĂ©nements si soudains, si violents, si Ă©mouvants, et qui jouent avec nos pensĂ©es comme le chat avec la souris, — les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit. L’oscillation du navire a Ă©tĂ© si forte que les lampes les mieux suspendues se sont Ă  la fin renversĂ©es. ⁂ Ce qui donne Ă  la crise de l’esprit sa profondeur et sa gravitĂ©, c’est l’état dans lequel elle a trouvĂ© le patient. Je n’ai ni le temps ni la puissance de dĂ©finir l’état intellectuel de l’Europe en 1914. Et qui oserait tracer un tableau de cet Ă©tat ? Le sujet est immense ; il demande des connaissances de tous les ordres, une information infinie. Lorsqu’il s’agit, d’ailleurs, d’un ensemble aussi complexe, la difficultĂ© de reconstituer le passĂ©, mĂȘme le plus rĂ©cent, est toute comparable Ă  la difficultĂ© de construire l’avenir, mĂȘme le plus proche ; ou plutĂŽt, c’est la mĂȘme difficultĂ©. Le prophĂšte est dans le mĂȘme sac que l’historien. Laissons-les-y. Mais je n’ai besoin maintenant que du souvenir vague et gĂ©nĂ©ral de ce qui se pensait Ă  la veille de la guerre, des recherches qui se poursuivaient, des Ɠuvres qui se publiaient. Si donc je fais abstraction de tout dĂ©tail, et si je me borne Ă  l’impression rapide, et Ă  ce total naturel que donne une perception instantanĂ©e, je ne vois — rien ! — Rien, quoique ce fĂ»t un rien infiniment riche. Les physiciens nous enseignent que dans un four portĂ© Ă  l’incandescence, si notre Ɠil pouvait subsister, il ne verrait — rien. Aucune inĂ©galitĂ© lumineuse ne demeure et ne distingue les points de l’espace. Cette formidable Ă©nergie enfermĂ©e aboutit Ă  l’invisibilitĂ©, Ă  l’égalitĂ© insensible. Or, une Ă©galitĂ© de cette espĂšce n’est autre chose que le dĂ©sordre Ă  l’état parfait. Et de quoi Ă©tait fait ce dĂ©sordre de notre Europe mentale ? — De la libre coexistence dans tous les esprits cultivĂ©s des idĂ©es les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposĂ©s. C’est lĂ  ce qui caractĂ©rise une Ă©poque moderne. Je ne dĂ©teste pas de gĂ©nĂ©raliser la notion de moderne, et de donner ce nom Ă  certain mode d’existence, au lieu d’en faire un pur synonyme de contemporain. Il y a dans l’histoire des moments et des lieux oĂč nous pourrions nous introduire, nous modernes, sans troubler excessivement l’harmonie de ces temps-lĂ , et sans y paraĂźtre des objets infiniment curieux, infiniment visibles, des ĂȘtres choquants, dissonants, inassimilables. OĂč notre entrĂ©e ferait le moins de sensation, lĂ  nous sommes presque chez nous. Il est clair que la Rome de Trajan, et que l’Alexandrie des PtolĂ©mĂ©es nous absorberaient plus facilement que bien des localitĂ©s moins reculĂ©es dans le temps, mais plus spĂ©cialisĂ©es dans un seul type de mƓurs et entiĂšrement consacrĂ©es Ă  une seule race, Ă  une seule culture et Ă  un seul systĂšme de vie. Eh bien! l’Europe de 1914 Ă©tait peut-ĂȘtre arrivĂ©e Ă  la limite de ce modernisme. Chaque cerveau d’un certain rang Ă©tait un carrefour pour toutes les races de l’opinion ; tout penseur, une exposition universelle de pensĂ©es. Il y avait des Ɠuvres de l’esprit dont la richesse en contrastes et en impulsions contradictoires faisait penser aux effets d’éclairage insensĂ© des capitales de ce temps-lĂ  les yeux brĂ»lent et s’ennuient
 Combien de matĂ©riaux, combien de travaux, de calculs, de siĂšcles spoliĂ©s, combien de vies hĂ©tĂ©rogĂšnes additionnĂ©es a-t-il fallu pour que ce carnaval fĂ»t possible et fĂ»t intronisĂ© comme forme de la suprĂȘme sagesse et triomphe de l’humanitĂ© ? ⁂ Dans tel livre de cette Ă©poque — et non des plus mĂ©diocres — on trouve, sans aucun effort — une influence des ballets russes, — un peu du style sombre de Pascal, — beaucoup d’impressions du type Goncourt, quelque chose de Nietzsche, — quelque chose de Rimbaud, — certains effets dus Ă  la frĂ©quentation des peintres, et parfois le ton des publications scientifiques, — le tout parfumĂ© d’un je ne sais quoi de britannique difficile Ă  doser !
 Observons, en passant, que dans chacun des composants de cette mixture, on trouverait bien d’autres corps. Inutile de les rechercher ce serait rĂ©pĂ©ter ce que je viens de dire sur le modernisme, et faire toute l’histoire mentale de l’Europe. ⁂ Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de BĂąle Ă  Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet europĂ©en regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il mĂ©dite sur la vie et la mort des vĂ©ritĂ©s. Il a pour fantĂŽmes tous les objets de nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accablĂ© sous le poids des dĂ©couvertes, des connaissances, incapable de se reprendre Ă  cette activitĂ© illimitĂ©e. Il songe Ă  l’ennui de recommencer le passĂ©, Ă  la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abĂźmes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde l’ordre et le dĂ©sordre. S’il saisit un crĂąne, c’est un crĂąne illustre. — Whose was it ? — Celui-ci fut Lionardo. Il inventa l’homme volant, mais l’homme volant n’a pas prĂ©cisĂ©ment servi les intentions de l’inventeur nous savons que l’homme volant montĂ© sur son grand cygne il grande uccello sopra del dosso del suo magnio cecero a, de nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige Ă  la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pavĂ© des villes
 Et cet autre crĂąne est celui de Leibniz qui rĂȘva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit
 Hamlet ne sait trop que faire de tous ces crĂąnes. Mais s’il les abandonne !
 Va-t-il cesser d’ĂȘtre lui-mĂȘme ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre Ă  la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix Ă  la guerre ; tous les peuples en sont troublĂ©s. Et Moi, se dit-il, moi, l’intellect europĂ©en, que vais-je devenir ?
 Et qu’est-ce que la paix ? La paix est peut-ĂȘtre, l’état de choses dans lequel l’hostilitĂ© naturelle des hommes entre eux se manifeste par des crĂ©ations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre. C’est le temps d’une concurrence crĂ©atrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatiguĂ© de produire ? N’ai-je pas Ă©puisĂ© le dĂ©sir des tentatives extrĂȘmes et n’ai-je pas abusĂ© des savants mĂ©langes ? Faut-il laisser de cĂŽtĂ© mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je suivre le mouvement et faire comme Polonius, qui dirige maintenant un grand journal ? comme Laertes qui est quelque part dans l’aviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe ? Adieu, fantĂŽmes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde qui baptise du nom de progrĂšs sa tendance Ă  une prĂ©cision fatale, cherche Ă  unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion rĂšgne encore, mais encore un peu de temps et tout s’éclaircira ; nous verrons enfin apparaĂźtre le miracle d’une sociĂ©tĂ© animale, une parfaite et dĂ©finitive fourmiliĂšre. »
Quisommes-nous ? LA REVUE . Culture Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus La Gourmandise Natale, par Charles Maurras. Culture & Civilisations vgauredijon-14 août 2022. La cuisine provençale selon Maurras ! Préface à l'ouvrage de M. Maurice BrunGroumandugi,

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie. .. ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Paul ValĂ©ryLe Dico des citations

PaulValéry : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul Valéry La Crise de l' Esprit, premiÚre lettre (1919) Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă  nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă  mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourd’hui l’humanitĂ©. L’histoire nous apprend qu’aprĂšs les grandes crises il n’y a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour d’aprĂšs. Mais l’ampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela s’ajouter les risques d’une crise morale comparable Ă  celle qui s’est produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour l’idĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi d’un grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque d’exacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand l’Empire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin d’empĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă  en dĂ©rober le secret Ă  la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă  la Chine de piller ses technologies et d’accumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă  son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă  prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler l’épidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă  l’Occident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste d’autres pays. C’est ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă  lutter contre le coronavirus, contrairement Ă  ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de l’Union EuropĂ©enne sont parvenus Ă  un accord sur un fond de soutien commun Ă  l’économie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il n’en reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© l’Italie et l’Espagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de l’Union EuropĂ©enne dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation d’un mode de vie d’avantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde d’avant et d’aprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de l’Etat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs qu’affronte l’humanitĂ© ? S’ajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusqu’à reineabbas
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